LE CAPITOLE NATIONAL Symbole emblématique de La Havane #Cuba, #France, #Belgique, #Bruxelles, #Luxembourg, #Canada, #Montreal, #Québec, #Suisse, #États-Unis

• Classé au patrimoine national, ce monument est soumis à la restauration la plus importante depuis son inauguration, en 1929 Arianna Barredo Ramos, de l’agence Prensa Latina LA restauration du Capitole est une œuvre de grande envergure, monumentale, réparties sur plusieurs segments faisant appel à plusieurs métiers d’art pour la réparation des bronzes, des plâtres, des dorures, des menuiseries et de la coupole – le plus compliqué –, a expliqué à Pensa Latina Eusebio Leal, l’Historien de la ville de La Havane. Commencée à la fin de l’année dernière, il s’agit de la restauration la plus complète à laquelle cet édifice ait été soumis depuis son inauguration, en 1929, selon Mariela Mulet, responsable des travaux. « Par chance, le Capitole, situé dans une zone centrale de La Havane, ne se trouve pas dans de mauvaises conditions structurelles. Par contre, ses installations présentent de nombreux problèmes », a-t-elle signalé. Cette spécialiste a précisé que les travaux ont lieu en ce moment dans la coupole – qui par ses proportions et son apparence rappelle celle de La Basilique Saint-Pierre de Rome – où l’on répare en ce moment les dalles de l’entresol. Concernant cette restauration, Eusebio Leal a ajouté que l’on travaille aussi dans les patios et des jardins, sur les sculptures, et que l’on répare l’ensemble du mobilier et des rideaux de la Salle des Pas perdus. Il est prévu de restaurer toutes les parties en pierre de Capellania, utilisée dans différents travaux de décoration dans le monde pour sa dureté et son homogénéité, mais qui est très sensible au climat cubain. Eusebio Leal a affirmé que la rénovation des aires situées sous l’escalier monumental – environ 36 m de large sur 28 m de long – est pratiquement achevée. Il s’agit des anciens magasins du bâtiment, qui retrouveront leur fonction d’origine. En haut des 55 marches, le Capitole est « gardé » par deux statues de bronze, posées sur un piédestal de granit, en cours de restauration. Ce sont des œuvres de l’Italien Angelo Zanelli, également auteur de la frise de l’Autel de la Patrie, qui fait partie du monument dédié à Victor Manuel II, le premier roi d’Italie, à Rome. Chaque sculpture, une masculine et une féminine, fondue par la Fonderie Lagan à Naples, mesure plus de 6 m, et représente, pour l’une le progrès de l’activité humaine, et pour l’autre la vertu tutélaire du peuple. Zanelli est également l’auteur de la Statue de la République, une sculpture en bronze recouverte d’une fine couche d’or, qui avec ses 17 m de haut, depuis sa base en albâtre égyptien, est la troisième plus haute du monde sous toit, seulement dépassée par le « Grand Bouddha » de Nara, au Japon, et le Mémorial Lincoln à Washington. Dans les parties extérieures, entre les rues de la Promenade du Prado, Dragones, Industria et San José, tout le pavage de granit, endommagé à 80%, sera réparé ou modifié. Les installations électriques et les lampadaires seront également réparés. « Nous procèderons à un renouvellement total de l’éclairage », a signalé la responsable des travaux. « Le personnel s’attaque aussi à la restauration des boiseries et à la réparation de tous les bronzes, ainsi qu’à celle des lampes », a ajouté Mariela Mulet, qui précise que certaines ont été fabriquées par la société parisienne Saunier Duval Frisquet, et d’autres en bronze dorées à l’or fin, avec du verre mercuré do par la société Bague. À ceci s’ajoute la restauration des portes, comme celle de l’entrée qui comporte des panneaux rappelant l’histoire de Cuba, ainsi que les ferrures. La plupart de ces éléments en bronze sont refaits par des travailleurs à leur compte, qui travaillent en collaboration avec le Bureau de l’Historien, qui est chargé de la restauration du Capitole. L’édifice compte onze ascenseurs, aux superbes portes de bronze. Cinq d’entre eux ont été réparés, cinq ont été remplacés. Le dernier devrait être installé prochainement. Marilyn Mederos, chargée du projet général des travaux, a indiqué que les éléments qui ont été ajoutés ultérieurement seront retirés afin de rendre au Capitole son état originel, tout en ajoutant de nouvelles fonctions, en actualisant les systèmes de sécurité, contre l’incendie, ainsi que le système de climatisation. Elle a expliqué que le Capitole avait subi des transformations durant la période où il fut le siège du ministère des Sciences, de la Technologie et de l’Académie des Sciences, avec un fonctionnement différent, et que le bâtiment avait souffert de ces modifications. PLUS DE 80 ANS D’HISTOIRE, PLUSIEURS FONCTIONS Sur le terrain occupé par le Capitole, deuxième point le plus élevé de la ville et dont la coupole fut la cinquième la plus haute du monde, se trouvait un marécage, où fut installé plus tard le premier jardin botanique de la capitale. Le bâtiment fut construit en un temps record par 8 000 hommes, des Espagnols dans leur grande majorité. Commencé en 1926, le Capitole fut inauguré trois ans plus tard, mais il ne fut complètement achevé qu’en 1931. Sous le gouvernement du dictateur Gerardo Machado, le Capitole devint le siège du Sénat et de la Chambre des représentants. Ce fut ensuite un musée, puis il accueillit le ministère de la Science. Avant le triomphe de la Révolution, le Capitole fut le théâtre d’un des faits divers les plus mystérieux connus pendant la période de la « pseudo-république », qui selon les chercheurs eut à l’époque un retentissement dans le monde entier. Il s’agit de la disparition, en mars 1946, du diamant de 25 carats qui marque le kilomètre 0 de la route centrale du pays. Le journaliste Ciro Bianchi raconte que malgré les mesures de sécurité élevées autour de la pierre précieuse – choisie pour décorer la deuxième couronne du Tsar Nicolas II –, il ne fallut pas plus de 20 minutes aux cambrioleurs pour la dérober. Plus de 5 000 policiers, 2 000 agents secrets, ainsi que les spécialistes du célèbre Cabinet national d’identification prirent part aux recherches, sans succès. Aucune piste ne les mit sur la voie des voleurs. Quinze mois plus tard, le diamant réapparut dans le bureau officiel du président de la République, Ramon Grau San Martin. Le diamant, qui fut remplacé par une copie, entourée d’une étoile octogonale réalisée en marbre d’Italie de plusieurs tonalités, se trouve désormais dans la chambre forte de la Banque nationale de Cuba. Autre fait des plus intéressants : sous la coupole et au pied de la Statue de la République se trouve un espace qui fut créé pour rendre hommage au Mambi inconnu, a expliqué Eusebio Leal. « Nous avons découvert ce lieu et nous travaillons afin que la raison d’être du Capitole soit précisément la vocation de la nation pour sa liberté », a-t-il ajouté. LE PARLEMENT CUBAIN RETOURNE À SON ANCIEN SIÈGE « Déclaré Patrimoine national, le Capitole convient tout à fait à ses nouvelles fonctions, car il a été conçu pour accueillir deux Chambres, d’une part le Sénat et d’autre part la Chambre des représentants », a signalé l’Historien de la ville. Eusebio Leal a précisé que la Chambre des représentants est l’espace parfait pour accueillir l’Assemblée nationale, une fois terminés les travaux de modernisation de tous les systèmes qu’exige aujourd’hui l’exercice parlementaire, comme une salle de presse, qui avait été prévue à l’origine. Il a expliqué que lorsque les constructions étrangères ont été supprimées, l’espace de la presse est apparu dans toute son ampleur, avec l’accès réservé aux sténographes de l’époque à la salle de session. Le personnel s’attaque également à la salle qui accueillera le siège du Parlement proprement dit, située dans la partie nord du bâtiment. « Nous donnons la priorité à cet espace, afin que l’Assemblée nationale – elle occupera tout le bâtiment – puisse commencer à siéger le plus tôt possible. Ensuite nous nous attaquerons au reste des travaux afin de terminer dans les délais les plus courts », a indiqué Mariela Mulet. Malgré ses fonctions gouvernementales, le Capitole continuera d’ouvrir ses portes au public qui pourra visiter plusieurs espaces, comme la Salle des Pas perdus et la bibliothèque, inspirée de celle du Vatican, avec ses portes en bois précieux, travaillées selon la technique des emboîtements. « La restauration du Capitole est un projet national, pas seulement du Bureau de l’Historien. Le financement est assuré par l’État, mais d’autres organismes sont également concernés par ce projet », a souligné la responsable du projet. Le Capitole, un des emblèmes architecturaux de la ville, et parmi les sites touristiques les plus attractifs, devrait retrouver bientôt son éclat d’origine. Et, comme l’a souligné Eusebio Leal, cette entreprise se veut une restauration de la mémoire.