Par Jacques Nikonoff, porte-parole du Parti de l’émancipation du peuple (ex- M’PEP).
Le 1er juillet 2015.
Quelques éléments de réflexion tirés de nombreuses lectures et de contacts sur place.
1.- Le parti politique SYRIZA est arrivé en tête aux élections législatives du 25 janvier 2015. La loi électorale lui a permis de disposer d’une majorité à la Vouli, le parlement grec, grâce à une alliance avec un parti de la droite patriotique. C’est Alexis Tsipras qui a été nommé Premier ministre par le président de la République. Le programme de SYRIZA (dit de Thessalonique), même s’il comporte des éléments positifs, n’est pas en mesure de mettre la Grèce sur la voie du développement économique et de la justice sociale, d’autant plus qu’il n’envisage à aucun moment la sortie de l’euro et de l’Union européenne. C’est un programme très proche de celui du Front de gauche en France, fait d’apparences et d’illusions, sans mesures structurelles permettant de désimbriquer la Grèce de la mondialisation néolibérale. Aux élections législatives de janvier 2015, SYRIZA s’est engagé à mettre un terme à l’austérité et à rejeter les mémorandums, dans le cadre de l’euro et de l’Union européenne. C’est sur cette base qu’il a été élu. Cinq mois après son élection, ce programme a été passé par-dessus-bord, il suffit de le relire pour se rendre compte de l’impressionnante reculade de SYRIZA. N’oublions pas que SYRIZA est membre du Parti de la gauche européenne, comme le PCF et le PG, et qu’à ce titre il est un rouage du système de l’Union européenne. Il est donc pro-européen, européiste, et considère qu’une sortie de la Grèce de l’euro, voire de l’Union européenne, serait une catastrophe. Il défend d’ailleurs, régulièrement, cette position publiquement, y compris en ce moment. Sa stratégie, annoncée comme telle avant les élections et validée par le corps électoral, est de créer les conditions d’une meilleure négociation avec la Troïka, rebaptisée « Les Institutions ». Alexis Tsipras tente donc de coller le plus possible au mandat issu des élections législatives de janvier. On peut néanmoins lui faire un double reproche. Le premier est d’avoir abandonné les aspects les plus structurels du changement qui se trouvaient dans son programme et de s’être laissé entraîner dans la logique de la Troïka. Cet abandon suscite un deuxième reproche : ne pas avoir, même avec subtilité, ouvert la porte à l’hypothèse d’une sortie de l’euro et de l’Union européenne. Cet aveuglement risque de lui coûter cher, et davantage encore au peuple grec.