10 mars 2016 | Par Lénaïg Bredoux
Étonné par le succès des manifestations contre la réforme du code du travail, et avant la nouvelle journée d’action du 17 mars, le gouvernement a été contraint de changer de ton. Les organisations de jeunesse seront reçues vendredi à Matignon et plusieurs mesures sont en discussion. C’est la fin du mandat du président de la République qui est en jeu.
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Comme un retour brutal à la réalité. François Hollande et son gouvernement sont contraints d’en convenir : la première journée de mobilisation contre la réforme du code du travail est un succès pour les opposants au projet de loi porté par la ministre Myriam El Khomri. Surtout, un mouvement d’ampleur de la jeunesse risque de déstabiliser définitivement ce qu’il reste du quinquennat, pour un pouvoir déjà très fragilisé.
Signe de la fébrilité qui l’a gagné avant la nouvelle journée d’action prévue le 17 mars, le gouvernement a nettement changé d’attitude. Jeudi sur France Info, la ministre du travail a évoqué une possible surtaxe des contrats à durée déterminée (CDD), dans le cadre des négociations en cours sur l’assurance-chômage. Myriam El Khomri a également indiqué que la question du temps de travail des apprentis sera rediscutée : « Cette question a provoqué des questionnements légitimes, c’est sur la table pour retirer cette proposition. » « Il y a une mobilisation, elle est là, il faut l’entendre », a dit la ministre.
Sur France 2, sa collègue de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a quant à elle annoncé que Manuel Valls allait rencontrer les organisations de jeunesse – le rendez-vous est annoncé par l’Unef pour vendredi 11 mars. Jusque-là, Matignon y était opposé, refusant d’accorder une quelconque légitimité sur la réforme du code du travail à des organisations lycéennes et étudiantes avec lesquelles les relations sont extrêmement distantes. À part un coup de fil d’un conseiller de François Hollande en début de semaine dernière, l’Unef n’avait eu aucun contact avec l’Élysée ou Matignon depuis dix jours…
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William Martinet @WilliamMartinet
L’@UNEF est (enfin!) reçue par @manuelvalls demain. Ns dirons à Matignon ce que ns avons dit dans la rue : retrait et contre-propositions.
09:02 – 10 Mars 2016
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« C’est une mobilisation sérieuse, qu’il faut écouter, a insisté Najat Vallaud-Belkacem jeudi matin. Il faut les entendre et faire d’eux des interlocuteurs. Nous avons donné la priorité à la jeunesse dans ce quinquennat, il faut entendre ce qu’ils ont à nous dire, et les rassurer. » Avant d’enfoncer le clou : « Ce texte n’est pas un texte qui fait des jeunes une catégorie à part, qui serait moins bien traitée que les autres salariés. Il n’en reste pas moins que les jeunes en tant que futurs salariés sont concernés. »
Les 4 vérités – Najat Vallaud-Belkacem – 2016/03/10 © Télé Matin Buscar en you tube
Mardi déjà, depuis l’Italie où il rencontrait le premier ministre Matteo Renzi, François Hollande avait eu des mots qui se voulaient apaisants : « Je pense que, aujourd’hui, à travers le processus que nous avons lancé depuis plusieurs années, de concertation, de dialogue, avec les partenaires sociaux, mais aussi de réformes nécessaires, nous pouvons éviter les ruptures. Parce que ce qu’il y a de plus grave, c’est lorsque ce qui a fondé le pacte social se délite et qu’aucun autre ne vient le remplacer. Voilà pourquoi je pense qu’il faut laisser le temps de la concertation et de la discussion mais que le temps de la décision viendra. Et qu’il sera forcément, ce temps-là, offert aux jeunes pour qu’ils aient plus de place dans notre société. » Une ligne réaffirmée par le président mercredi en conseil des ministres.
On est très loin des déclarations péremptoires de Manuel Valls lundi ou de plusieurs de ses ministres ces derniers jours. Un de ses proches, le secrétaire d’État Jean-Marie Le Guen avait ainsi accusé les jeunes d’être manipulés (il avait parlé d’un « baron noir » – lire notre article). Quant à Jean-Vincent Placé, entré au gouvernement lors du dernier remaniement, il avait plagié la formule de Jean-Pierre Raffarin en 2003, « Ce n’est pas la rue qui gouverne » – en moquant le succès de la pétition en ligne contre la loi sur le travail : « Ce ne sont pas les réseaux sociaux qui font la loi de la République. »
François Hollande à Venise, mardi 8 mars.
https://www.mediapart.fr/journal/france/100316/sous-pression-des-jeunes-hollande-cherche-le-compromis
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